samedi 13 juillet 2013

L'arpentage romain


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Informations extraites du "DICTIONNAIRE DES TERMES ET EXPRESSIONS DE L’ARPENTAGE ROMAIN". Ce dictionnaire des termes et expressions gromatiques (adjectif désignant l’art de ceux qui utilisent la groma pour arpenter) comporte un peu plus de 1460 entrées. Il est destiné à faciliter la compréhension des notions techniques qu’utilisent les arpenteurs romains. Il est fondé sur l’exploitation du corpus des textes gromatiques, ensemble de textes antiques concernant l’arpentage, la géométrie et les controverses agraires, ainsi que de quelques inscriptions cadastrales romaines.

Mesures

Actus

mesure de base de la métrologie romaine : l'actus linéaire est une longueur de 120 pieds (environ 35,48 m).

Cubitus

coudée : mesure de longueur valant un pied et demi, ou deux sextants, ou 6 paumes, ou 18 onces.

Decempeda

perche : mesure de longueur de dix pieds de long, dite aussi pertica de 10 pieds de 16 doigts.

Miliarium, milliarium

milliaire ou mille : mesure de longueur de 1000 pas, de 5000 pieds, ou de 8 stades ; « dans 1000 pas sur 1000, il y a 868 jugères carrés ».

Palmus

paume ; mesure de longueur valant 4 doigts ou 3 onces.

Passus

pas : mesure de longueur de 5 pieds.

Pes

pied ; mesure de longueur qui vaut 4 paumes, ou 12 onces, ou 16 doigts.

Porca

mesure de longueur valant 7200 pieds.

Stadium

stade : mesure de longueur de 625 pieds.

Définitions   

Actus

 – droit de circulation, chemin ; en droit rural, c'est le chemin qu'on peut emprunter avec un véhicule et où on peut faire passer des troupeaux ; un chemin qui a le droit d'actus bénéficie également de l'iter.

Actus

– tracé ou ligne issus d'un arpentage.

Augusteus in trifinio

- (borne) augustéenne sur un trifinium ; nom générique d'une borne dans le Tableau des bornes.

Bifurcus terminus

- borne fourchue : borne dite aussi samardacus, marquant un carrefour de trois limites.

Calx

- chaux : fragments de chaux qu'on place quelquefois comme signe (signum) ou témoin sous une borne pour prouver son emplacement.

Cursorium

- mot intraduisible : nom d'une pierre de bornage, qui semble provenir du chemin-limite emprunté par les coureurs (cursorii) selon Rudorff (1852, 274) ; peut-être aussi en rapport avec le terme de marine coursive ; ou avec la coursière, sentier coupant à travers champs, à flanc de colline. Voir ci-dessous à cursorius terminus.

Cursorius terminus

- borne "de course" : expression difficile à comprendre s'agissant d'une borne ; borne porte-messages (Jean Peyras) : bornes dont une partie est destinée à transmettre un message, et peut être inscrite (sunt termini cursorii in effigiem tituli constituti en 241, 9-10 La ; 401, 13-14 La) ; ces messages peuvent être, par exemple, les "lettres singulières" (voir cette expression) ; mais ce n'est pas le cas de toutes : « car toutes les stèles ne sont pas couvertes d'inscriptions, puisque dans certains endroits il n'y a pas de pierres inscrites, mais sont disposées à l'image des dieux Termes des pierres que l'on nomme cursorii. » (trad. Fr. Favory, RACF, 33, p. 225, note 79) ; nom générique d'une borne dans la liste des Ex libro Balbi Nomina lapidum finalium, Noms des pierres de confins extraits du livre de Balbus.

Itinera publica

- les voies publiques : elles reçoivent des bornages sous la forme de monuments parce  qu'elles sont pérennes (Loi de Tibère sur les tombeaux).

Limitator

- arpenteur ; mot absent des textes gromatiques mais attesté chez le grammairien Servius au IVe s..

Miliarium, milliarium

- milliaire ou mille : mesure de longueur de 1000 pas, de 5000 pieds, ou de 8 stades ; « dans 1000 pas sur 1000, il y a 868 jugères carrés » .

Molaris lapis

 -pierre meulière, quelquefois utilisée pour faire des bornes.

Molaris terminus

- borne en pierre meulière.

Naturalis lapis petra

- borne faite avec une pierre naturelle .

Numerus

- nombre : nombre inscrit sur une borne.

Pali lignei

- pieux de bois : poteaux servant au bornage ; dits aussi pali roborei.

Pedatura

 - mesure par pieds ; longueur exprimée en pieds, et, par extension, emplacement qui a été mesuré en pieds  voir Podismus.

Pedatura

- mesure par pieds ; système dans lequel la longueur d'un limes est indiquée par une lettre sur une borne dans la direction de celui-ci, lettre qui se réfère à une liste de mesures.

Politus terminus, politus lapis

- borne, pierre lisse ; c'est-à-dire polie mais non inscrite.

Via 

- voie : en droit rural, route sur laquelle peuvent passer des véhicules ; la via comporte en elle l'iter et l'actus ; voie servant de limite .

Via communis

- voie commune ou mitoyenne : voie partant des voies vicinales et qui séparent les possesseurs voisins.

Via consularis

- voie consulaire : voie établie par un consul, et qui peut, dans certains cas, servir de decumanus maximus ; exemple d'Anxur en Campanie avec la voie Appienne.

Via militaris

 - voie militaire; voir à via publica militaris.

Via praetoria

 - voie prétorienne : dans le camp militaire, voie qui conduit du prétoire à la porte prétorienne et a une largeur de 60 pieds.

Via principalis

- voie principale : voie qui divise le camp d'est en ouest, et qui unit la porte principale gauche et la porte principale droite, dites portae principales ; elle tire son nom des principia ; elle est large de 60 pieds.

Via publica

- voie publique ; voie qui est construite sur des fonds publics et qui reçoit son nom de son auteur (fondateur), d'après Siculus Flaccus ; dans une assignation, le plus souvent, sa surface est exceptée.

Via publica militaris

- voie publique militaire : voie pouvant quelquefois servir de limes dans une division de territoire.

Via quintana

- voie quintane : dans le camp militaire, voie qui sépare le prétoire de la rétenture ; elle est large de 40 pieds ; si elle débouche sur des portes (dites quintanes), elle est large de 50 pieds.

Via sagularis

- voie de couverture : expression de castramétation désignant les voies latérales du camp, larges de 30 pieds, ou de 40 si le camp compte cinq légions ; ce nom vient du vêtement, sagum ou sagulum, qui enveloppe le soldat comme la voie enveloppe le camp.

Via vicinalis

 - voie vicinale : voie qui relie des voies publiques entre elles et qui dessert les champs .

Viae vicinariae

 - les voies de quartier : expression de castramétation désignant les voies secondaires,  passant entre les bandes, et devant traverser le camp.

Source des informations :

Gérard CHOUQUER et François FAVORY (avec la collaboration d’Anne ROTH-CONGÈS), L'arpentage romain. Histoire des textes, Droit, Techniques. éd. Errance, Paris 2001, 492 p.
Ce livre est, en quelque sorte, un manuel des écrits gromatiques et de l’arpentage romain. Il présente l’ensemble des textes gromatiques (de gromaticus, un des mots pour dire “arpenteur” en latin) et propose une série d’outils de travail utiles à tous ceux qui s’intéressent à ce thème. Parmi ceux-ci, on trouve une liste des traductions en français des textes d’arpenteurs romains ; une liste des manuscrits contenant des illustrations ; la liste des textes antiques comportant des illustrations ; un recueil de « sources » comprenant de très nombreux extraits des textes, classées en 531 paragraphes ; enfin un dictionnaire des termes et expressions de l’arpentage romain.

L’ouvrage synthétise et complète les connaissances sur ce corpus de textes antiques, le seul a être resté longtemps sans traduction dans aucune langue actuelle, mais qui, depuis une quinzaine d’années, fait l’objet de travaux multiples et de traductions en diverses langues (ex. la traduction intégrale du corpus en anglais, par Brian Campbell 2001 ; autres traductions partielles en espagnol, en français, en roumain). D’ailleurs, on trouve dans l’ouvrage la première traduction (à la date de publication) des textes de deux auteurs importants et méconnus, M. Iunius Nypsius et le Pseudo Agennius.

L’idée générale de l’ouvrage est d’installer une vision renouvelée du corpus. On a longtemps cru, parce qu’on n’en saisissait pas le sens, que ces textes étaient abscons et mal transmis. Ce n’est pas exact, même s’il existe de vrais problèmes d’établissement du texte latin et de compréhension du sens. De fait, on est là en présence de deux corpus différents. L’un est le recueil de commentaires que les arpenteurs de la fin du Ier et du début du IIe s. ont élaborés pour mettre en œuvre la politique de révision cadastrale et fiscale initiée par Vespasien. Pour enquêter sur des situations très confuses et des héritages souvent vieux de plusieurs décennies et même plusieurs siècles, ces arpenteurs ont dû quasiment faire œuvre “archéologique”, dans des archives locales souvent et sur le terrain. L’autre partie est un corpus de textes d’arpenteurs plus tardifs, principalement du IVe s., rédigés là encore pour servir un projet de l’administration : la refonte de la fiscalité foncière et la mise en œuvre de dispositifs nouveaux.

Le résultat est que les textes des arpenteurs ne sont donc pas contemporains des principales limitations et centuriations qu’on identifie dans le monde romain, lesquelles datent surtout des IVe et IIIe s. av. J.-C. pour les plus anciennes et du Ier s. av. J.-C., pour les plus nombreuses.

Notons que la quasi-intégralité des textes est donnée en traduction.

La seconde partie de l'ouvrage est constituée de planches et d'annexes qui sont autant d'outils de travail : les légendes détaillées des 174 figures explicatives et la reproduction des vignettes des manuscrits (dont on pourra regretter le rendu si peu contrasté) apportent de substantiels éclairages au texte de synthèse, parfois ardu, il faut le reconnaître. Le recensement des textes latins et de leurs différentes traductions avec leurs références précises, ainsi que la liste des manuscrits contenant des illustrations sont utilement complétés par 531 références ou extraits classés selon 47 thèmes. Un dictionnaire sommaire des termes et expressions gromatiques d'environ 1 300 entrées donne des compléments introuvables dans les dictionnaires de latin classiques. Enfin, une bibliographie d'environ 250 titres sélectionnés parmi les quelque 5 000 livres ou articles parus sur les manuscrits gromatiques, les travaux archéologiques ou morphologiques traitant des centuriations, ou encore les aspects plus proprement juridiques permet, à ceux qui souhaitent « en savoir plus », d'aller à l'essentiel.

Au total, cet ouvrage est un outil indispensable à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la topographie ou à l'histoire agraire de l'Antiquité. Par les clés aussi bien techniques qu'historiques et juridiques qu'il livre, il montre à quel point certaines règles actuelles sont héritières des manières de procéder antiques.

L’ouvrage complète les connaissances en ouvrant de nouveaux chapitres sur des thèmes inédits. On trouve ainsi dans l’ouvrage un développement sur les controverses agraires qui est totalement neuf sur le plan historiographique.

L’ouvrage comporte 174 figures en noir et blanc.

Sur le Web :

http://etudesrurales.revues.org/105

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vendredi 12 juillet 2013

Le langage des géographes

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Le langage des géographes, de François de Dainville.

Sous ce titre, qui éveille la curiosité, le P. de Dainville présente un lexique de cartographie et de géographie historique qui est une œuvre d'érudition tout en étant d'une lecture très attrayante. Le point de départ est l'ouvrage du P. Lubin publié à Paris en 1678 sous le titre du Mercure géographique ou Guide du curieux des cartes géographiques, qui donne, outre la définition des termes employés par les géographes et les cartographes français de l'époque, leurs équivalents en latin, en grec, en italien, en espagnol, en anglais et en allemand. L'auteur s'est appliqué à suivre et à montrer l'évolution du vocabulaire géographique depuis trois siècles, à travers les grands dictionnaires, les encyclopédies, et les ouvrages spécialisés traitant de géographie et de cartographie.

Le livre, accompagné d'un index des termes, est divisé en trois parties : géographie astronomique, géographie naturelle, géographie historique. Il est richement illustré de reproductions photographiques d'extraits de cartes anciennes, de légendes de cartes, évoquant tour à tour les méthodes de levés, les types de cartes et de plans à diverses échelles, les symboles et les figurations représentatives. De nombreux croquis dans le texte achèvent de donner une image complète de toutes les conventions cartographiques. Chaque terme donne lieu à définition, à rappel des synonymes ou des équivalents en langues étrangères. Chaque article est accompagné des références aux différents auteurs qui ont contribué à la définition correspondante.

On ne saurait trop insister sur l'importance d'un pareil instrument de travail. Non seulement ce livre est indispensable pour toute lecture de cartes anciennes, mais son étude est une introduction précieuse à la fois à l'histoire de la géographie et à la géographie historique, puisque d'une part on y trouve retracée l'évolution de ce langage des géographes qui ne cesse de s'enrichir tout au long de l'histoire, et que, par ailleurs, l'apparition de termes nouveaux est indicative de l'introduction de techniques nouvelles, de l'attention portée à des formes d'utilisation du sol ou à des formes d'habitat qui font leur apparition à une époque donnée ou cessent d'être valeurs négligeables pour l'observateur et le cartographe.

A vrai dire, la conclusion qui se dégage de la lecture de cet ouvrage est que si les techniques de l'exécution et de la reproduction des cartes ont fait d'énormes progrès depuis quelques décennies, l'acuité de l'observateur, le sens de la réalité géographique, la conscience dans la traduction de tout ce qui peut avoir de l'intérêt pour qualifier une fraction du globe et évoquer l'empreinte des générations successives sur ce sol, sont un héritage pluriséculaire qu'il faut porter la plus grande attention à ne pas laisser altérer par une quelconque automation de la cartographie. Mais pour le P. de Dainville, qui est historien autant que géographe, le xvne siècle marque une étape décisive dans l'histoire de la cartographie, le point de départ de la cartographie moderne. Rien de ce qui nous préoccupe aujourd'hui n'a échappé aux cartographes du xvne siècle, et les premiers ils ont introduit la rigueur mathématique et une exactitude scrupuleuse dans la figuration de tout ce qui était digne d'attention à la surface du sol.

On imagine volontiers l'intérêt que l'on peut éprouver à reconstituer par la l'œuvre patiente et diligente de ces géographes et cartographes qui ne disposaient d'aucun de nos moyens d'observation et de représentation rapide, qui travaillaient à une autre échelle de temps que la nôtre. Et l'on s'étonne une fois de plus qu'en la géographie historique et l'histoire de la géographie soient des domaines de trop délaissés. L'ouvrage du P. de Dainville est, il est vrai, de ceux qui susciter des vocations. La seule lecture du beau chapitre sur la ville dans les cartes (p. 216-225) donne envie de brasser ces innombrables plans sans lesquels on ne comprend rien aux problèmes urbains d'aujourd'hui, et l'on constate aussi que bien des débats sur le choix et l'application des termes sont oiseux... puisque la question a été tranchée, et de façon le plus souvent fort pertinente, à l'époque de Louis XIV.

Article publié par Pierre George, dans "Annales de Géographie";  Année 1966;  Volume 75;  Numéro 407,  pp. 85-86.



François de Dainville, né le 21 janvier 1909 à Paris et décédé en 1971, est un géographe et historien français. Professeur d'histoire de la cartographie à l'École nationale des chartes à partir de 1959. Directeur d'études de l'École pratique des hautes études (IVe section) à partir de 1963. Il a été membre de l'ordre des Jésuites.

Références documentaires :

  1. François de Dainville, "Le langage des géographes", Paris, A. et J. Picard, 1964, avec le concours de Françoise Grivot.
  1. François de Dainville, "Le langage des géographes , Termes, signes, couleurs des cartes anciennes, 1500-1800";  Ré-édition en  05/2002.

Sur le web :



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L'Ardèche sous les romains.

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Extrait de "La Gaule sous les romains".

Cet extrait montre la région de l'actuelle Ardèche.

Nouvel Atlas Illustré - Géographie Universelle. Comprenant La Géographie, L'Histoire, L'Administration, La Statistique, Etc. Scientifique, Industriel Et Commercial Dresse, Dessine Et Grave Par Mm. Desbuissons, Lorsignol, Lacoste, Fillatreau, Lecocq, Smith, Bizet, Fontaine, Barbier, Soudain, Etc. Texte par M.A. Martineau. 1892. Paris, Direction Et Administration, 11, Rue Du Moulin-Vert, 11.
  • Gaule sous les Romains. Grave par L. Smith. Dresse Sous La Direction De J. Migeon Par Ch. Lacoste. Migeon, éditeur, imp, r. du Moulin Vert, Paris. Texte écrit par A. Bizet. (1892) - Page n° 7.
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mercredi 10 juillet 2013

Le vieux pont romain de Viviers (Ardèche).



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A Viviers, sur la D 86, qui enjambe la rivière l'Escoutay, il existe un très vieux pont encore en service, de 100 m de longueur, qui porte de nombreuses traces de restauration. C'est un pont romain.

Ce pont figure sur la carte de Cassini. On peut voir qu'il permettait de quitter Viviers pour rejoindre une voie romaine qui passait de l'autre coté de la rivière au lieu dit "La grange du pont".
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Le cadastre napoléonien montre clairement la jonction entre les routes.


Ce pont comprend aujourd'hui 11 arches ; 
à l'origine il pouvait en exister 12 ou 13.

A l'origine il a pu exister 12 arches ; aujourd'hui la largeur de la rivière obligerait d'en placer une treizième. Si cette dernière hypothèse est retenue, on pourra supposer que la restauration a intéressé cinq arches anciennes. Quatre ont été entièrement remplacées par deux voûtes surbaissées plus élevées, la 5e a été en partie murée par la nouvelle pile. La 6e arche mesure 5,60 m d'ouverture, les 7e, 8e, 9e et 10e : 6,40 m, les 11e et 12e : 4,40 m, la 13e et dernière, entièrement remaniée, ne mesure que 3,60 m d'ouverture.

On peut donc penser que le courant principal, qui emprunte aujourd'hui les deux premières arches remaniées, passait au moment de la construction du pont sous la partie médiane correspondant aux 7e, 8e, 9e, 10e arches, qui présentent la plus grande ouverture. Par contre, leur épaisseur est constante (4,80 m). Leur hauteur, difficile à mesurer en raison des alluvionnements, semble être aussi uniforme : 3 m entre la clé de voûte et l'épaulement des piédroits qui marque une saillie continue de 0,20 m. Les piles ont une épaisseur irrégulière : 2 m entre les 5e/6e arches et les 6e/7e, 7e/8e, 10e/lle, lle/12e ; 2,30 m entre les 8e/9e ; 2,50 m entre les 9e/10e arches. 

Carte postale ancienne : le pont romain de Viviers.

Ces piles portent toutes en amont des avant-becs de 1,20 m de longueur, celle entre les 11e et 12e arches possède un avant-bec récent en aval. Les avant-becs amont, tous semblables, sont constitués par trois assises de pierres, à la base en grands blocs de calcaire blanc, liés aux piédroits des arches sur une hauteur de 0,80 m. Au-dessus, une assise de gros blocs en mollasse grise à bossages, de 1,50 m de haut, n'intéressant que la pointe des avant-becs. La troisième et dernière assise, de 1,50 m de haut, forme le tétraèdre terminal ; l'appareil, mal soigné, n'est pas lié à la façade du pont : il s'agit sans doute d'une restauration. La façade dans son ensemble était recouverte à l'origine d'un parement en petit appareil de moellons calcaires de 0,09 à 0,10 m sur 0,18 à 0,20 m.
Par place, le tablier est encore marqué par des dalles de calcaire blanc, faisant légèrement saillie de quelques centimètres. Le parapet ancien a été détruit sur toute sa longueur ; celui qui est actuellement visible est relativement récent. Les voûtes sont constituées, sur les deux faces extérieures, par un double bandeau composé de pierres régulières, taillées en coin, de 0,45 m de longueur sur une épaisseur de 0,09 m (à l'intrados) et 0,11 m (à l'extrados) de la voûte.

Entre les deux rangs de pierres qui forment ce bandeau de voûte se trouve un lit de fragments de briques d'une épaisseur uniforme de 0,055 m. Une seule pile, entre les 7e et 8e voûtes, comporte à environ 3 m du sol un lit horizontal de briques de 0,55 m. Les joints de la façade appareillée ont une épaisseur régulière d'environ 14 mm. Le reste de la construction est en blocage de pierres locales, pavés calcaires et surtout gros galets de basalte ; le sable du mortier a été emprunté aux alluvions de l'Escoutay. La partie inférieure des piles avec le début des arcades présente un appareil typiquement gallo-romain.

D'importants travaux de rénovation ont été effectués au XVIe siècle (Minutes de Jacques Noalhes, notaire, 1555) et au XVIIe. Dans la nuit du 15 novembre 1674, trois arches du pont ont été renversées par le torrent. Le 2 septembre 1684, le parapet des deux dernières arcades est renversé. Il est provisoirement réparé avec des pieux. Le 14 septembre 1684, les deux mêmes arches s'écroulent dans la rivière, elle sot provisoirement remplacées par des planches. Le 4 avril 1687, la deuxième arche menace de s'écrouler...Et il y aura d'autres dégâts et d'autres réparations.

  Classé Monument Historique en 1988.

Références documentaires : 

  • Arnaud, Pierre (abbé) : "Voies romaines en Helvie" ; préface de Maitre Louis Bouvier ; 187 pages, in-8, (25,5 x 16,5 cm), broché, dessins, 8 cartes dépliantes hors texte et 2 dans le texte , 59 dessins dans le texte, de R. Joseph, R. Pitiot, H. Saumade et R. Weiss, photographies, Imprimerie Étienne Benistant, Le Teil d'Ardèche, 1966. (Tirage limité à 1380 exemplaires).
  • Barruol, Guy; Fiches, Jean-Luc; Garmy, Pierre (sous la direction de) : « Les ponts routiers en gaule romaine ». Actes du colloque tenu au Pont du Gard du 8 au 11 octobre 2008. Revue archéologique de narbonnaise. Supplément 41 ; 1 vol. (687 p.-XXXII p. de pl.) : ill., cartes, plans, couv. ill. en coul. ; 28 cm. + 1 erratum ISBN : 978-2-9528491-6-6 (rel.) : 50 EUR. - 2-9528491-6-1 ; Bibliogr. p. [21]-24. Bibliogr. en fin d'article. Glossaire. Index ; Éditions de l'Association de la revue archéologique de Narbonnaise, 2011 - ISBN : 2952849161, 9782952849166.
  • Blanc, André : "Ponts gallo-romains et très anciens de l'Ardèche et de la Drôme";  Gallia; Année 1966;  Volume 24, Numéro 24-1, pp. 77-99. Le vieux pont de Viviers, pages 80 à 82.
 
  • Carte de Cassini : N°90 - © IGN - Paris - 1999.
  • Cadastre Napoléonien, 1811 : Archives départementales de l'Ardèche.
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Les ponts en Ardèche.


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Dans le département de l'Ardèche et de la Drôme existent encore les ruines d'une quinzaine de ponts ou ponceaux anciens, dont l'authenticité paraît indiscutable ou très vraisemblable pour huit au moins d'entre elles dont deux au moins imposantes.

Ce chiffre paraît à première vue important, mais il doit être lié d'une part au cadre géographique de cette région très cloisonnée, à l'habitat dispersé, qui ne peut être ouvert aux échanges qu'au prix de nombreux travaux routiers. D'autre part, la conservation des vestiges jusqu'à l'époque actuelle est due au fait que le département de l'Ardèche s'est trouvé à l'écart des voies d'invasion et des grands brassages de populations qui intéressèrent principalement, dans la vallée du Rhône, la rive gauche. La rive droite, au contraire, devait rester beaucoup plus traditionaliste et conservatrice.

L’Ardèche est un des endroit de France où la densité de pont est très importante. On compte plus de 2200 ponts pour prés de 4000 km de routes. Pour ceux que les statistiques amusent cela fait un pont tous les 1800 mètres….

On en dénombre 2345, exactement !

 Quelques statistique sur la grandeur des ponts :

  • 62 % des ponts ont une ouverture comprise entre 2 et 5 mètres.
  • 21 % ont une ouverture de 5 à 10 mètres,
  • 17 % ont une ouverture de plus de 10 mètres.
Parmi les ponts les plus célèbres du département, 
il y en a un qui n’a pas été fabriqué par l’homme.

Le Pont d’Arc, sur la rivière Ardèche est une création naturelle.
Source de l'illustration : Tardieu, Ambroise, 1788-1841 : Ponts naturels.


Il fut utilisé comme moyen de franchissement de la rivière depuis la nuit des temps. 
Source : Cadastre napoléonnien. 
Jean-Louis Giraud-Soulavie indique (1) que sous Louis XIII on y faisait encore passer des armées. Le pont était défendu par des fortifications à chaque extrémité. Les plans des fortifications doivent se retrouver dans les archives de la BNF si elles n'ont pas été détruites.

Un chemin passait au sommet du pont naturel. 
Pour des raisons de sécurité, il est fermé au public.

Le pont le plus ancien en Ardèche.

  
Le pont le plus ancien du département et le plus inhabituel 
est probablement le pont mégalithique, au hameau du Prieuré, à Lablachère. 
Photo Raymond SÉNÈQUE.
Ce pont est un ouvrage en pierres sèches assurant le passage sur le ruisseau Masseloup, affluent du ruisseau de Sébézol. Il est principalement utilisé en période de fortes pluies d'octobre, novembre et avril. En hiver et en période estivale, la traversée peut se faire à gué.
Les blocs de grès constituant cet édifice ont été tirés dans son environnement immédiat. Les dalles verticales, de type monolithique, sont surmontées de plaques horizontales de même matériau, posées côte à côte, formant un passage utile de 0,50m maximum au joint à 1,80m maximum au milieu de certaines dalles. La hauteur de passage de l'eau est de 0,80m environ, mais compte tenu de la forme descendante aux extrémités, la hauteur utile de passage est nettement plus inférieure tout en convenant très bien au débit du ruisseau.De par son architecture proche de celle des dolmens de la région, la réalisation de cet ouvrage est très ancienne mais non datée.

 Ponts anciens 

Un grand nombre de ponts récents ont été construits à l’emplacement de pont anciens démolis. Tous n'étaient pas des ponts romains. Certains l'étaient assurément.
Plusieurs ponts construits par les romains existent  encore
et sont toujours utilisés, tels le pont de Viviers.
Carte postale.

Le pont du Pouzin 

 Le pont romain du Pouzin a été construit à la fin du 1er siècle ou au début du 2e. Il est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1998.
Cet ouvrage a traversé dans problèmes 2000 ans d'histoire et il est encore en activité. L'ouvrage comporte une arche de 14,60 m. l'édifice mesure au total 43m de longueur dont 38 sont de toute évidence d'origine antique.

Pont romain sur l'Ouvèze, au Pouzin.
Vue générale depuis l'est (aval).
Photo Rémi Mathis.

Documentation :

Notes :

  • (1) Jean-Louis Giraud-Soulavie : "Histoire naturelle de la France méridionale, ou Recherches sur la minéralogie du Vivarais, du Viennois, du Valentinois, du Forez, de l'Auvergne, du Velai... sur la physique de la mer Méditerranée, sur les météores, les arbres, les animaux, l'homme et la femme de ces contrées... par M. l'abbé Giraud-Soulavie...", Paris, 1781, Tome III, page 321. (Note : Soulavie fut curé d'Antraigues).

Ouvrages

  • Blanc, André« Ponts gallo-romains et très anciens de l'Ardèche et de la Drôme  » dans Gallia, vol. 24, 1966, p. 77-99. 
  • Barruol, Guy; Fiches, Jean-Luc; Garmy, Pierre (sous la direction de) : « Les ponts routiers en gaule romaine ». Actes du colloque tenu au Pont du Gard du 8 au 11 octobre 2008. Revue archéologique de narbonnaise. Supplément 41 ; 1 vol. (687 p.-XXXII p. de pl.) : ill., cartes, plans, couv. ill. en coul. ; 28 cm. + 1 erratum ISBN : 978-2-9528491-6-6 (rel.) : 50 EUR. - 2-9528491-6-1 ; Bibliogr. p. [21]-24. Bibliogr. en fin d'article. Glossaire. Index ; Éditions de l'Association de la revue archéologique de Narbonnaise, 2011 - ISBN : 2952849161, 9782952849166. Le Pouzin, Ardèche, Pont romain. Page183. 
  • Tardieu, Ambroise, 1788-1841 : Ponts naturels. Grave par Ambroise Tardieu. (A Paris, Chez Mme. veuve Agasse, Imprimeur-Libraire, rue des Poitevins, no. 6. M.DCCCXXVII).(1827).
Sur le web :

A suivre....

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mardi 9 juillet 2013

LE TRÉSOR DE LAVILLEDIEU

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Lors des vendanges de 1970 un propriétaire de Lavilledieu remarqua, au ras du sol et au pied d'un cep de vigne, quelques pièces de monnaies, fortement oxydées, qu'un rapide nettoyage révéla être des monnaies romaines. Un ramassage immédiat, sur un petit espace et à peu de profondeur, permis d'en retrouver plus de 200. Une recherche ultérieure apporta quelques autres exemplaires.  Le total des pièces retrouvées s'élève à 298. Il s'agit de pièces dont la valeur marchande est des plus réduite.

La trouvaille a été faite au quartier de Costeraste dans la plaine qui s'étend jusqu'à Lussas, bordée à l'est par la rivière d'Auzon, dominée elle-même par les collines pierreuses que suivait la voie d 'Antonín le Pieux. Quelques débris de poterie furent retrouvés à proximité des monnaies, il ne s'agissait pas de fragments d'un pot mais plutôt d'un plat ou d'une assiette, qui servit peut-être de couvercle au récipient ayant contenu les pièces. En effet, le sol fut profondément défoncé, à un mètre de profondeur, quelques années avant la date de la découverte. On peut penser que le pot contenant le trésor fut alors brisé sans être remonté jusqu'à la surface et que ce furent les labours successifs qui amenèrent les pièces au niveau du sol où elles furent découvertes. Le lieu de cette découverte n'est qu'à une quinzaine de kilomètres d'Alba Augusta Helviorum.

Lors de sa découverte le propriétaire confia quelques pièces à M. l'Abbé Arnaud, Directeur des fouilles d'Alba, pour en connaître l'origine et la valeur, quelques mois avant sa mort, survenue en janvier 1971.

Reférences documentaires :

Chaurand, Louis : "Le trésor de Lavilledieu (Ardèche)"; Revue numismatique, Année 1973, Volume 6,  Numéro 15, pp. 300-319.

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