lundi 15 septembre 2014

Le socle de la statue de la Liberté

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Le socle de la Statue de la Liberté est-il ardéchois ?

Je connais au moins deux personnes qui vont se dire :" Il n'a pas autre chose à faire que de poser ce genre de question ?".
Oui et c'est justement parce que j'ai autre chose à faire que j'ai mis en ligne cette page.

Durant quelques jours j'ai cherché où se trouvent, en Ardèche, les carrières qui produisent une pierre calcaire gris-bleu comme celle qui a été utilisée par les romains pour fabriquer les bornes milliaires de la voie d'Antonin le Pieux.On en trouve à plusieurs endroits du département.

J'ai trouvé la réponse en consultant un catalogue des carrières qui étaient exploitées en France, vers 1890. Ce document répertorie par départements les emplacements des carrières et décrit les pierres qui y étaient extraites. Il a été réalisé vers la fin du XIXe siècle par le Ministère des travaux publics français.

Pour voir ce qu'on pouvait trouver sur Internet concernant ces carrières, j'ai utilisé comme mot clé de recherche le nom des carrières ou celui des pierres. J'ai trouvé sur Internet des pages dont l’intérêt est plus humoristique que scientifique !

C'est comme cela que j'ai appris que le socle de la statue de la Liberté, est fabriqué avec du "granite" de Chomérac ou de Ruoms.
Première erreur, à Chomérac et à Ruoms, on trouve principalement du calcaire dans les carrières, pas du granit.
Mais de nombreuses autres villes de France revendiquent elles aussi ce privilège, selon les auteurs de pages qui ne citent pas leurs sources et,  dont certains ne se sont même pas demandés sur quel bateau le colis a été transporté et dans quelle gare il a été expédié...

J'ai immédiatement vérifié ce que dit wikipedia, l'encyclopédie du savoir populaire, dont les rédacteurs sont des spécialistes de la recopie d'informations trouvées sur des sites divers. Elle ne dit rien de précis. Elle indique seulement que le socle est en granit. Mais elle ne dit pas d’où il vient ! C'est plus facile pour les pseudo-rédacteurs de wkipedia de faire du copier/coller que de lire et traduire...
La première mention d'un socle en pierres de Ruoms pour la la statue de la Liberté se trouve dans un ouvrage d'Elie Reynier, "Le pays de Vivarais", publié en 1934.  Il indique pages 176 et 177 : ".../ les marbres gris ou bleuâtres de Chomérac, ceux de Ruoms, Vogüé, Saint Germain, durs et compacts .... ont été utilisés surtout après 1850 pour des monuments variés (.../ statue de la Liberté à New-York...)".  Citation vérifiée dans l'exemplaire qui est sur ma table de travail.
La presse locale ardéchoise a brodé sur le sujet et en a rajouté un peu en affirmant, vers 1970, que Bartoldi avait choisi de la pierre de Ruoms pour sa statue. Sauf erreur, la Statue de la Liberté est en cuivre avec une armature de fer, façon Tour Eiffel, réalisée par Eiffel.
Quel prestige pour l'Ardèche si la statue avait été en pierre locale !!! Le Journal régional "La Tribune " n'hésitait pas, en 1987, à en remettre une couche en reprenant cette histoire fantaisiste et à la relancer sur les rail de la rigolade en affirmant que Bartoldi est venu en Ardèche, il y aurait rencontré le savant ardéchois Jules de Malbos, pour choisir des pierres, pour la construction de la statue. Mais Malbos est mort avant que les travaux de construction ne démarrent. Cette histoire est rocambolesque et ne repose sur rien de sérieux.

Ce qui est exact : la pierre de Chomérac et celle de Ruoms, ainsi que les autres qu'Elie Reynier cite, peuvent être assimilées à du marbre. Il s'agit d'une masse de calcaire dur de plusieurs dizaines de kilomètres qui s'étend du sud de l’Ardèche, depuis la limite du Gard et qui monte jusqu'au nord du département, au Pouzin et à Chomérac. C'est un calcaire jurassique très dur, de densité 2,7 à 2,9, ayant une résistance à l'écrasement de 1280 à 1650 kg / cm2 (Source BRGM).

Ce qui est faux : le socle de la Statue de la Liberté n'est pas en pierre ! Il a été réalisé en utilisant ce qui était à cette époque une nouvelle technique : le béton. Ce socle est recouvert de plaques de granit rose de la couleur de la panthère du même nom. Ce granit rose provient de la carrière Beattie qui était située à Leetes Island, Guilford, Connecticut (USA).

Ce choix a permis de combler le retard pris dans la construction du support de la statue et de lui donner une assise solide pour résister au vent.


Localisation de la carrière où a été extrait le granit rose 
utilisé sur le socle de la statue de la Liberté.
Source : "Bulletin 6 of the Connecticut Geological and Natural History Survey, 1906".


En consultant d'anciens ouvrages qui traitent du sujet, à l'époque où la culture éclairait le monde avant que wikipedia n'invente le piratage des sites Internet, on trouve des informations intéressantes !
Le socle de la Statue, avec le piédestal mesure 47 mètres soit presque la moitié de la hauteur de la statue qui mesure 93 mètres. Il faudrait être peu fêlé pour faire traverser l'Océan Atlantique à un bateau rempli de pierres de taille, venues de France, pour fabriquer le socle de la Statue de la Liberté. Ce ne sont pas les cailloux qui manquent aux États-Unis. 
Caractéristiques du socle :
Statue of Liberty Pedestal is the Largest 19th century Concrete Structure built in the US : 27,000 tons, 13,300 cubic yards.
Below grade: 53 feet deep, 91 feet square at the bottom, 65 feet square at the level of the original Fort Wood.
The pedestal above grade is constructed of concrete walls from eight to nineteen feet in thickness that continue the battered line of the truncated pyramidal foundation, tapering from 65 feet square at grade to 43 feet at the foot of the statue with a central opening 27 feet square.

A la suite d'un commentaire déposé par un lecteur, je suis allé dans ma bibliothèque prendre le livre cité. Je connais bien cet excellent livre de Michel Riou sur l’Ardèche. A la page 42, de son livre, l'auteur indique : "On a retrouvé récemment une lettre du général John W. Donaldson, datée du 11 juin 1976 qui établit de la façon la plus claire que le socle de la Statue de la Liberté est en granit de l’Île de Leetes, dans le Connecticut". (Note du claviste : en fait il s'agit de Leetes Island, un lieu-dit de Guilford, CT 06437, USA, qui se trouve sur la terre ferme, au bord de la mer).

Cette remarque m'a permis de trouver dans un autre ouvrage d'autres informations. Les plaques de granit rose furent fournies par la Société "Beattie Quarry" qui fut fondée par un immigrant écossais nommé John Beattie (1820-99). Il était originaire d'Edinburgh et fils d'un tailleur de pierres. Comme beaucoup, il commença par être chercheur d'or en Californie mais il fit fortune en vendant des cailloux, de très gros cailloux; Il acheta 400 acres de terres à Leetes Island, en 1869, dans le conté de Guilford dans le Connecticut. Sur son terrain il découvrit une veine de granit qui pouvait prendre beau poli. Il fit commerce du granit.

Portrait de John Beattie, vers 1880.

Un contrat fut passé en 1882 entre la société "John Beattie Granite Works" et un certain D. H. King (maître d'oeuvre américain désigné par le Comité) pour la fourniture de matériaux destinés à l'érection de la statue. C'est dans la carrière de John Beattie que fut extrait, le 5 août 1884, un bloc de plus de 6 tonnes de granit qui a été utilisé sur le socle de la Statue de la Liberté. Beattie a également reçu des contrats pour fournir les piliers de granit du pont de Brooklyn et pour 3rd Avenue Bridge, à New York.


Les ouvriers de la carrière Beattie qui ont fournit le granit 
utilisé pour le socle de la Statue de la Liberté.
Photo prise vers 1890.

Le point d'extraction est seulement 95 miles de la statue de la Liberté par la route côtière, au nord-est. Mais c'est par la mer que le granit fut transporté. John Beattie marqua lui même chacune des pièces de granit. Elles ont ensuite été transportées par ses bœufs jusqu'à Hoadley's Point. Les pierres ont ensuite été chargées à bord d'un bateau appartenant à Beattie. Ce bateau était un sloop de la rivière Hudson, construit en 1813 à Lansingburgh, NY pour utilisation militaire. La coque du bateau avait été renforcée pour pouvoir transporter des charges importantes. Il fut équipé d'un treuil pour les travaux de levage. C'est à la voile que la livraison s’effectuât. La dernière pièce de granit à été mise en place le 22 avril 1886 sur le socle de la statue. Le voilier à sombré et gît désormais dans les marais salants de Hoadley's Point.


Photo de la Statue vers 1890.

Les mensurations de Miss Liberty.

Richard Morris Hunt 1828 - 1895,
dans Harper’s Weekly en 1886.

L'architecte du socle était Richard Morris Hunt. Il fut le premier architecte américain à fréquenter l'école des Beaux Arts de Paris et à en être diplômé. Il fut membre du jury de l'Exposition Universelle de Paris

Dessin de Richard Morris Hunt’s pour le projet final du socle.

La construction du socle.

La finition du socle et la construction du piédestal.

Le résultat final.

Vue aérienne de l'ensemble.

Notes importantes :

En juillet 2015, un ami me signale que le texte de cet article a été intégralement piraté par des gens sans scrupules. Ils se sont bien gardés de citer leur source. Vous trouverez le plagiat à l'adresse suivante : http://www.statue-de-la-liberte.com/Origine-des-pierres-du-socle.php. Les pirates ont volé le texte mais aussi les images dont la carte où j'ai localisé la carrière en dessinant dessus une flèche rouge. Cette carte provient d'un ouvrage spécialisé  ("Bulletin 6 of the Connecticut Geological and Natural History Survey, 1906") qui se trouve ..... sur une étagère de ma bibliothèque !
Lorsque j'ai publié mon texte, ici, rien n'était disponible en français sur Internet, sur ce sujet. Les pirates ont omis de citer leur source qui est cette page; ils ne parlent pas des documents que j'ai consultés et que je n'ai pas cités, mais aussi ils ont recopié les erreurs (ça m'arrive de me tromper) et les approximations mineures que j'ai glissées volontairement dans mon texte faute de meilleures informations... Ce qui prouve qu'ils n'ont fait aucune recherche personnelle sur le sujet, sinon il auraient vu ce qu'il fallait corriger !  En revanche je remercie les universitaires qui m'ont envoyé un complément d'information que je garde sous le coude.

Je ne peux résister à l'envie, avant de fermer cette page, de dire quelques mots sur le navire qui a transporté la Statue de la Liberté à New-York, il s'agissait de la frégate française "Isère". Le 21 mai 1885, l'"Isère" , commandée par le commandant de vaisseau Gabriel Lespinasse de Saulne, quitte le port de Rouen, avec la statue stockée dans plus de 200 caisses réparties à bord. La statue démontée est venue de Paris, par le train, dans soixante dix wagons, accompagnée par Bartholdi et sa femme.
L'Isère est un des premiers navires français à pouvoir naviguer à la voile ou (et) à la vapeur. Elle file 8 nœuds grâce à sa machine de 550 chevaux. Elle fut lancée le 22 avril 1866.
Le 22 juin 1885, les premières caisse sont débarquées à New-York. Le 3 juillet 1885, l’Isère reprend la mer pour revenir à Brest. Ce navire aura une carrière étonnante. Durant plus de 15 ans il effectue du transport de marchandises. En 1909, il est désarmé. En avril 1924, il arrive à Lorient. Il sert de ponton vers 1925. En 1940 il est touché par un incendie mais en réchappe. Durant la guerre, il sert de point amarrage aux sous-marins allemands basés à Lorient. En février 1943, la frégate est atteinte par une bombe lors des bombardements du port; les allemands décident alors de le couler à l'entrée du port de Lorient, à proximité de l’île St Michel où il se trouvait encore lorsque je m’intéressait à lui, vers 1985. On trouvait, à cette époque, dans une boutique du port de plaisance de Lorient, une carte localisant les épaves dans la rade de Lorient.

Documentation

sur le web : 

La version en anglais de wikipedia donne presque les mêmes informations que celles que j'ai trouvées dans ma bibliothèque. On trouve ceci : This Stony Creek granite came from the Beattie Quarry in Branford, Connecticut". En fait la carrière Beattie était située à Leetes Island, Guilford, Connecticut (USA)

On trouve sur le web de nombreuses pages (fantaisistes) qui revendiquent sans aucune justification une carrière ou un village français comme fournisseur de la pierre du socle de la statue. 
Et la page page d'un pauvre pirate sans scrupules et sans imagination, incapable d'effectuer ses propres recherches qui est venu voler ses informations sur notre page :



Ouvrages :

  • DeFord, Deborah : "Flesh and Stone: Stony Creek and the Age of Granite". Stony Creek, CT,  Leete’s Island Books, 2000. 
  • Reynier (Elie) : "Le Pays de Vivarais";  Édition entièrement renouvelée;  in-8°, 272 p.; 53 fig. et graph., 3 cartes h. t., 2 bois gravés, 62 phot, en 28 pl. réunies à la fin du vol. en un Album géographique; Bibliogr. page 257;   1934, Valence, Imprimerie Charpin et Reyne.
  • Riou, Michel : "Le Guide de l'Ardèche"; 448 p. : ill. en noir et en coul. ; 24 cm; Bibliogr. p. 437-441. Index; 1987, Lyon, Les Guides de La Manufacture.

Liens divers :

Leetes Island, Guilford, Connecticut (USA) sur Google Maps
Richard Morris Hunt
La statue de la Liberté, emblème de la liberté
Statue Facts
Statue of Liberty (UNESCO)
Présentation en anglais de la statue sur You Tube, par l'UNESCO.
Sur la frégate Isère

Google maps : la statue de la Liberté
Statue of Liberty, Brooklyn, NY 11231, États-Unis
(position GPS : 40.689258, -74.044516)
Nombreuses photos disponibles.


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jeudi 4 septembre 2014

Les outils du charpentier


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1 - Hache
2 - Hermine
3 - Scie
4 - Équerre
5 - Marteau
6 -Fil à plomb
7 -Caisse à outils
8 - Ciseau à bois
9 - Varlope
10,11 - Rabots
12 - Maillet
13 - Scie égoïne
14 - Clous de charpentier.

Documentation :

http://www.musee-metiers.fr/?Charpentier&lang=fr
http://www.hermine-radieuse.net/PDF/bois.pdf
http://www.encyclopedie-anarchiste.org/articles/c/charpentier.html
http://www.persogeneal.fr/index.php?option=com_content&view=article&catid=12:les-metiers-et-titres-de-mes-ancetres&id=26:charpentier&Itemid=27
http://www.des-gens.net/Les-Compagnons-Charpentiers-des



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Antonin le Pieux


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Antonin le Pieux est un empereur romain né le treizième jour avant les calendes d’octobre, l’année où l’empereur Domitien exerçait le consulat pour douzième fois. Ce qui donne, plus simplement, le 19 septembre de l’an 86 après J.C.

Le futur empereur est né à peu de distance de Rome, dans une villa que sa famille possédait à Lanuvum. Elle était construite, sur une colline, à droite de la voie Appia, à dix neuf milles, soit sept lieues, de Rome. Ce village qui s’est appelé Civita Lavinia, depuis le moyen âge, jusqu’en 1914, est aujourd’hui nommée Lanuvio, dans le Latium.
La famille paternelle d’Antonin était originaire de Nemausus (Nîmes). Ses aïeux étaient des notables. Son père, Aurelius Fulvus, fut consul en 89 et son grand-père, Titus Aurelius Fulvus, fut consul en 85. Il avait fait carrière dans les légions à l'époque de Néron et de Vespasien. Il était arrivé à la préfecture sous le règne de Domitien. C'est ce grand père qui éleva le jeune Antonin lorsqu'il devint orphelin de bonne heure. Antonin arriva au consulat en l'an 120. Il avait trente-quatre ans. C'était la troisième année du règne d'Hadrien. Le 23 février 128, Hadrien adopta Antonin afin de l'amener à lui succéder. Après cette adoption, Antonin modifia ses noms et prit le nom de famille et le surnom d'Hadrien auquel il ajouta son surnom propre en conservant son prénom. Il devint Tito Ælius  Hadrianus Antoninus. Lorsqu’il est devenu empereur, on l'a plus appelé que Antonin (Antoninus). 
C'est peu après son accession au trône que le Sénat lui décerna le nom de "Pius" (Pieux). Non parce qu'il fréquentait assidûment les temples ais plutôt parce qu'il avait manifesté sa piété filiale à de multiples occasions. Il aurait ainsi donné le bras à un de ses vieux parents, qui, claudiquant, éprouvait de grandes difficultés à gravir les marches du Sénat.

Le 10 juillet 138, Antonin commença son règne, a presque cinquante-deux ans.  Aucun prince n'a exercé le pouvoir suprême d'une manière plus modérée, plus paternelle, plus sage qu'Antonin.

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Chemins de fer départementaux. P.L.M. Le Vivarais

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Chemins de fer départementaux. P.L.M. Le Vivarais. Environs de St Agrève. Ruines de Rochebonne (Ardèche & Hte-Loire) : [affiche] / F. Hugo d'Alési ; Ateliers F. Hugo d'Alési, 5 place Pigalle, Paris.
Auteur : Hugo d'Alési, F. (1849-1906). Illustrateur
Éditeur : [Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon à la Méditerranée] (Paris)
Date d'édition : 1904.

Documentation :

http://www.velay-express.net/ASSO-VFV/histoire.htm
http://ardecol.inforoutes.fr/educationetpatrimoine/fiche73/fiche73.htm
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